40ème anniversaire de la mort de Martha Desrumaux

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Mercredi 30 novembre 2022, le village d’Evenos a rendu hommage à Martha Desrumaux, figure du syndicalisme, féministe et Résistante, à l’occasion du 40ème anniversaire de sa mort en présence de personnalités politiques, de membres de l’Association des Ami.e.s de Martha Desrumaux et d’habitants d’Evenos.

La municipalité a dévoilé une plaque commémorative installée dans la rue qui porte son nom, un nom oublié par l’Histoire puisque Martha Desrumaux n’a jamais eu la reconnaissance qu’elle méritait. Elle est pourtant une figure emblématique du mouvement ouvrier et de la Résistance comme l’écrit Pierre Outteryck, Professeur agrégé d’histoire et de géographie (voir encadré).
L’Association des Ami.e.s de Martha Desrumaux milite depuis plusieurs années pour son entrée au Panthéon et tout récemment, des élus du Nord ont adressé une demande officielle en ce sens au Président de la République Emmanuel Macron .

C’est par le chant des déportés que s’est ouverte la cérémonie pour l’inauguration de la plaque de Martha DESRUMAUX sur la place des consuls à Nèbre, au milieu des officiels et des amis de MARTHA.

Cette musique a raisonné avec beaucoup de solennité dans les remparts de ce vieux village où vécut Martha et a fait place à un grand moment de silence avant que les discours d’hommages sur la vie de Martha ne se succèdent, suivis du dévoilement de la plaque.

La cérémonie s’est terminée au cimetière de Nèbre devant sa sépulture sur laquelle des gerbes ont été déposées.



MARTHA DESRUMAUX
(1897-1982)
 
Martha naît à Comines (Nord) dans une famille ouvrière, humaniste et laïque.
 
Orpheline à 9 ans, elle est placée pour être domestique. Mais elle s’enfuit de ce travail et veut devenir ouvrière ! Dans les ateliers textiles, elle vit de dures conditions de travail mais découvre aussi l’entraide et la solidarité.
 
À 13 ans, elle adhère à la CGT. Membre du PCF en 1921, elle devient l’animatrice des luttes des ouvrières du textile dans l’agglomération lilloise. Pour elle, femmes et hommes doivent s’unir afin d’obtenir, pour les femmes, les mêmes droits et les mêmes salaires que les hommes.
 
En 1936, lors du Front populaire, elle dirige le rassemblement qui lutte contre l’antisémitisme, pour la Paix et la République, attaquée par l’extrême droite, et pour la conquête de nouveaux droits : augmentations de salaires, semaine de 40h, congés payés…
 
En 1940, elle s’engage très tôt dans la Résistance et mobilise les mineurs du Nord-Pas-de-Calais. Arrêtée le 27 août 1941, elle est déportée à Ravensbrück où elle multiplie les actions de solidarité et sabote, entre autres, la confection d’uniformes pour les troupes du 3ème Reich.
 
Rescapée de l’horreur concentrationnaire, Martha est nommée députée (dès 1945 par Charles de Gaulle) et participe aux mobilisations pour la création de la sécurité sociale. Elle milite également pour la concrétisation du droit de vote et l’éligibilité des femmes, et pour une France démocratique tout en reprenant ses responsabilités à la CGT.
 
À la fin des années 60, elle vient résider à Evenos en Provence, pays de Louis Manguine, son époux. Martha continue à militer avec la CGT et le PCF pour la défense des retraités et l’émancipation de l’Humanité.
 
Le 30 novembre 1982 au matin, Louis Manguine disparaît. Martha s’éteint dans l’après-midi. Depuis 1932, excepté durant l’Occupation, Martha et Louis n’avaient jamais été séparés.
 
Pierre Outteryck
Professeur agrégé d’histoire et de géographie